Des traces d'encre qui forment des mots

Poésie à ‘ancienne, la prose dans le papier, le poète dans la rature des mots qui échappent et qui viennent mourir contre la marge. Prose mise à nue dans sa plus belle peau nue, c’est-à-dire écorchée par ma graphie misérable.

Je me regarde écrire de la poésie.

Je me regarde écrire ce que j’appelle de la poésie parce que ce que j’écris ici n’est pas un roman, un essai ou une nouvelle. Je dis qu’une chose est poétique dans elle est l’expression du flux inconstant de ma pensée.

Pas de poésie, juste de la pensée brute.

Je regarde alors ma pensée brute se débattre avec le fil irrégulier de mon écriture et je m’étonne. Je suis étonné lorsque j’observe ma main manier le styler et former des signes qui forment du sens. C’est parfaitement idiot mais je regarde ce mécanisme d’écriture avec le regard incrédule comme si j’étais devant un magicien. Je ne juge pas la qualité du tour à la beauté du costume du magicien ou à la plastique de son assistante car je me moque de l’aspect imparfait de mes lettres et de mes mots. Je suis juste fasciné par la magie du sens qui se révèle et puis qui s’inscrit sur le papier.

Je forme des mots.

C’est poétique parce que c’est branlant et pourtant ancestrale.

Mon geste ancre mon encre, la magie c’est que tu sois capable de le comprendre.

Les écrans ne sont pas magiques, ils sont de la technologie soumise à la raison. Alors que là je laisse des traces d’encre qui forment des mots. Graphie incertaine mais mot au sens certain.