Cette histoire qui n'est pas la mienne
Tous les matins il écoutait du Britney Spears en mangeant des cookies qu’il conservait dans une boîte aux lettres scellée en métal blanc dont la serrure un peu grippée, un peu rouillée grinçait beaucoup quand elle s’ouvrait. Cela faisait pourtant longtemps que son rossignol acidulé ne chantait plus Rossini, le temps avait œuvré comme l’acide des eaux fortes pour façonner une autre chose, une autre prose mais il se disait toujours qu’une dernière dose serait salvatrice.
Sous ses effets de mime étonné pourtant plus rien ne le trompait, trop habitué, lassé, blasé par les hoquets et accros qui tapissaient le décorum défunt de ses souvenirs envieux. Comme le galet du fond du fleuve, brassé, roulé par la vigueur d’une violence invisible il était poli, applaudissait aux orages des synthés et à la voix robotisée.
Lui il savait, qu’à l’embouchure dans le fond de l’estuaire il retrouverait la mer, le lagon et tout le bleu qu’elle avait dans les yeux comme autant de trous d’eaux à la détresse insondable, un abysse si sépulcral qu’il pourrait s’y cacher des hommes et des dieux et s’enfoncer sans force dans l’immaculée béatitude, légèrement salée, discrètement écrasée par la pression des profondeurs.
Le CD avait fini de tourner, la chanteuse s’était arrêtée. Il ne restait plus que des miettes sur la table et la cendre de sa cigarette flottait dans son café au lait.