Aujourd'hui mon blog à dix ans
Me voilà au pied du mur, le 25 juin 2009, il y a dix ans de cela, je décidé de venir sur ce blog une fois par jour pour y écrire quelque chose. Au départ je n’avais rien envisagé, surtout pas de faire cela pendant dix ans. Je n’ai commencé à y penser qu’après la cinquième ou sixième année. Je commençais à entrevoir la date, 25 juin 2019 et j’imaginais que ce jour là serait particulier. En réalité il ne l’est pas. Voilà dix ans que je viens ici écrire et poster quelques mots journalièrement et aujourd’hui n’est qu’un jour de plus. Mais c’est aussi, en quelque sorte, le dernier. C’est la dernière fois que je poste sous le joug de ma contrainte, la dernière fois que je poste parce que c’est l’heure, le jour, le moment avant qu’il ne soit trop tard.
C’est ici le dernier jour de quelque chose.
Par conséquent c’est aussi le premier jour d’autre chose.
Je ne suis ni fier ni fatigué, je ne suis pas soulagé, pas satisfait. Ce n’est ni la fin de l’écriture, ni la fin de l’écriture en ligne. Ce n’est la fin que d’une décision prise il y a une décennie de cela. En fait je crois que j’ai malgré tout un certain plaisir à pouvoir formuler cela « une décennie de cela » ça me donne l’impression d’avoir traversé le temps.
Ces derniers mois j’ai souvent pensé à aujourd’hui et à ce que je pourrais écrire, mais je me suis refusé de rédiger ce post à l’avance, ça aurait gâché tout le plaisir de l’écrire à chaud – condition on ne peut plus ironique un jour de canicule – mais au final j’ai bien conscience qu’il y a quelque chose d’assez plat dans tout cela. Je termine ce défi d’écriture comme je l’ai commencé entre médiocre et banalité. Bien sûr dans le lot des 3859 articles encore présent sur mon blog il y a quelques morceaux de bravoure, des textes que j’aime et qui me tiennent à cœur. Mais la logique d’une production quotidienne c’est entre autres chose la logique d’une production qui n’est pas soumisse à l’inspiration, c’est une écriture de devoir, une écriture de contrainte et d’une certaine manière une écriture de la médiocrité. Mais se confronter à ça propre médiocrité, se mettre au défi d’écrire sans la tutelle de l’inspiration, c’est ce que je recherchais, c’est ce que j’ai appris à faire. Et aujourd’hui cela me donne la sensation d’avoir gagné en liberté ; j’ai toujours considéré qu’écrire en étant inspiré c’était une manière d’enchaîner sa liberté à une donnée extérieure que l’auteur ne contrôle pas, son inspiration.
Mais durant cette expérience je suis aussi parvenu à dompter la poésie. Au départ j’étais un grand con qui fustigeais la poésie comme une forme trop facile de littérature. Et même si je n’ai pas encore totalement abdiqué sur ce point-là, j’ai aussi appris à l’aimer, la lire et l’écrire. J’aurai dû me douter que cette forme littéraire ou la liberté peut prendre des formes cryptiques était faite pour moi. D’ailleurs il va y avoir un premier volume d’un recueil de mes poésies posées ici pour la première fois. Un premier d’abord, sous-entendu un second ensuite. Aujourd’hui je suis libre de dévoiler et de reprendre toutes l’étendue de mes champs élyséens.
Dix ans ce n’est pas mal, et ce jour marque la fin de quelque chose, ce n’est pas la fin de ce blog, lieu d’expression de mes mots. Il va même devenir un recueil plus libéré d’autres de mes proses. Il n’y a finalement que la dimension quotidienne que je lâche. Je vais peut-être enfin pouvoir songer à soigner une ligne éditoriale ou à peaufiner la qualité de mes articles.
Je ne sais pas si j’ai débuté ce blog sous une autre canicule, ce dont je me souviens c’est surtout de l’écosystème technologique spartiate que j’avais à l’époque. C’était parfois difficile de publier tant le réseau, je captais internet par un réseau hertzien, ou la machine marchaient mal. Aujourd’hui c’est fini, nous sommes dans l’ère des smartphones, de la 4G et de toutes les bidules d’un futur proche qui me permettent de publier ou de programmer mes posts avec sérénité. C'est surtout cela qui m'a marqué, l'évolution technique plutôt que l'évolution de ma prose ou de ma pensée, peut-être parce qu'elles sont trop vastes pour être abordées ici ou qu'elles sont trop intrinsèques à moi pour que je parvienne à les écrire sans me dissocier de moi ce que je n'ai pas envie de faire.
Je voulais finir sur le mot fin mais je n’en suis plus très sûr. Je n’ai jamais été doué pour les fins, les chutes et les points finaux.
FIN
à suivre …