Vie et mort de l'e-mail

Publié le par Rémy

Que l’on soit ou non utilisateur averti d’internet je pense que tout le monde a entendu un jour ce discourt qui dénonçait le mal fait par l’e-mail à la poste, à la lettre et à la carte postale. On se souvient aussi de ces soirs de réveillon où les SMS envoyés en trop grands nombres à trop d’amis saturaient les systèmes et faisaient ensuite la une des journaux. En tout cas moi je les ai entendus toutes ses personnes qui se plaignaient de ne plus recevoir de lettres privées, plus que des pubs, des courriers administratifs et autres tristesses sur papier même pas recyclé.

Pendant ce temps il est vrai que j’usais et abusais de l’e-mail. C’était une façon d’écrire aux gens bien sûr, et à ce titre j’avais déjà eu quelques correspondances postales auparavant, mais c’était aussi plus que cela. L’e-mail c’était mon format d’écriture, ma porte d’entrée en littérature. J’explorais toutes les formes de l’écrit dès que j’avais de l’autre côté du clavier une personne pour me lire et me répondre. Correspondance privée et secrète ou envois groupés façon spam ou mailing sauvage et bien sûr correspondance collective et partagée avec les amis. C’était une belle époque mais c’est un passé révolu.

Aujourd’hui l’e-mail semble avoir disparu comme la lettre manuscrite, et même le SMS vacille devant le DM et les messageries instantanées. Sauf qu’aujourd’hui je n’entends plus personne se plaindre de la disparition des e-mails privés. Pourtant que ce soit des lettres manuscrites ou des e-mails kilométriques c’était la même part de moi que j’y inscrivais, c’était la même part de toi que j’y lisais. Je ne dénigre pas l’utilité ni l’usage des messageries instantanées pourtant je leur reproche leur instantanéité qui ne prête pas à l’introspection, à l’exploration de soi mais surtout qui ne prête pas à la littérature.

S’écrire c’était écrire.

E-mail ou lettre c’était une correspondance.

Aujourd’hui les mots que l’on s’échange c’est de la lapidation.

Illustration par Conrad Crispin Jones

Illustration par Conrad Crispin Jones

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