Jour #1364 Elle était donc à presque nue dans l’arrière-salle du bar

Publié le par #ceciestunblog

C’est dans l’arrière-salle du bar que la femme se changeait. C’était une petite métamorphose manuelle, artisanale, modeste et sans miracle. La femme à demi nue enfilait sa peau d’oiseau. C’était une hybridation polymère qu’elle avait envisagée et mise en place elle-même les jours derniers sur la table métallique de sa cuisine. Elle savait faire cette petite cuisine chimique devenue désuète mais toujours capable de synthétiser de la peau à base de plume. Elle avait gardé aussi d’une expérience lointaine le savoir-faire nécessaire pour teinter la peau en mauve, y implanter de petites plumes palpitantes qu’elle avait eues au marché noir, suffisamment fraîche pour que la greffe de synthèse puisse prendre.

 

Elle était donc à presque nue dans l’arrière-salle du bar, ses petits seins fendaient l’air dans la pénombre de la pièce seulement éclairée par la lumière irisée d’une boule à facette quand sont entrées trois autres filles. Plus jeunes, plus blondes, plus replètes aussi ; des filles comme des enfants à peine sortis de leurs cocons qui portaient sur elles un costume de peau synthétique comme un goitre juvénile transgénérationnel sur leur corps de femme. Elles sont entrées sans courtoisie, se sont mises nues et ont habillé leurs corps replets d’un hybride de zèbre ; culotte de zèbre des hanches jusqu’aux pieds en forme de sabots, ventre nu un peu gras sous la peau lisse, poitrine ronde confinée sous un soutien-gorge zébré, visage d’ange porcin surmonté d’une coiffe à tête de zèbre.

 

Elles s’étaient changées en silence, taiseuses comme des animaux de la nature, mais quand elles eurent eu fini de travestir leur adolescence en maturité animale l’arrière-salle est devenue bruyante, pas un mot, pas une parole mais le bruit des sabots qui piétinent couvrant d’un bruit vain les piaillement de l’oiseau qui a revêtit ce qui lui sert de bec, assemblage bio mécanique de bric et de broc. Les trois zèbres sont sortis pour rejoindre la piste de danse sous les cris alcoolisés des clients occupés à vider des verres. L’oiseau, sorti lui aussi de l’arrière-salle, à tire d’aile a rejoint le podium surplombant de 5 mètres le comptoir de verre dans le reflet du quel les clients pourraient regarder sous sa robe de plumes.

Publié dans Les mots des mots

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article