Fragment sous un pont sous la pluie

Publié le par Rémy

Y’a-t-il du désespoir sur le visage de la personne qui s’approche du précipice avant de s’y lancer et mourir ? La pluie battante rend les poutrelles du pont glissantes. La nuit recouverte d’une ombre détrempée rend la progression dans le squelette architectural du pont qui enjambe la baie périlleuse ; cela ne laisse aucune place aux doutes, à la peur ou au désespoir. Marc avance avec détermination. C’est son dernier combat, l’ultime étape d’un parcourt du combattant qu’il s’est infligé en quête de rédemption, peut-être d’une libération. L’acier cisaille ses paumes. Les renforts métalliques tissés entre les poutrelles entravent son chemin, frappent dans ses muscles bandés, déchirent ses vêtements. Peut-on se tuer en lambeau ? Lorsque la mort s’avance dans son choix libre et délibérer nous voudrions pouvoir l’appeler dans la beauté et l’élégance comme l’étudiante qui part au bal de fin d’année et qui en reviendra changée. Marc a enfin rejoint de point qui selon lui surplomb la baie par son milieu. A la hauteur où il se trouve il n’entend plus les vagues en contrebas qui se brisent sur les piles du pont. L’orage ravage tout le silence propice aux recueillements, aux regrets et aux larmes. Les seules rivières qui déferlent sur son visage sont celles qui forment la pluie. Sur l’horizon la ville indolente dont les lumières dansent dans les facettes pulvérisées qui tombent du ciel l’observe avec dédain. Faut-il regarder en bas lorsque l’on va se jeter, faut-il regarder le ciel ? S’envoler comme un ange ou plonger la tête la première ? Qu’importe la posture car Marc sait qu’à cette hauteur la mer sera comme l’acier et son corps disloqué sombrera à jamais.

Fragment sous un pont sous la pluie

Publié dans ébauche, Fragment

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