Se nourrir à l'arrière du crâne

Publié le par Monsieur Ray

Par le trou dans l’âme, l’anus métaphysique de l’être, la créature exogène pénètre et ponctionne des résidus cérébraux à ces victimes. C’est dans un calme glaçant et silencieux qui se crée autour d’elle lorsqu’elle progresse dans le monde des hommes qu’elle déploie sa trompe visqueuse, veineuse et noueuse comme la branche morte d’un arbre torturé qui aurait poussé dans les ruines d’une forêt ayant crûe sur la terre polluée des hommes. Avec ce dard mi organique mi végétal qui se déploie inéluctablement au regard des victimes paralysées d’effroi l’horrible créature puisse dans la matière cérébrale la substance de se nourri. Comme un pistil métaphorique gorgé des spores et des pollens issus d’un monde lointain la trompe glisse dans le trou de l’âme et creuse en perçant les os du crâne puis en arrachant des morceaux de chairs un canal rugueux jusqu’à ce que le pistil atteigne le lieu où l’homme place symboliquement son âme. L’homme hurle, la femme cri, la peur bâillonne les autres personnes tandis que le monstre se sustente et déglutine aspirant des résidus de cerveau. Ce n’est pas plus horrible que de manger des légumes, c’est seulement que le légume sera humain d’ici quelques instants lorsque le monstre aura retiré sa trompe de la nuque de ses proies et qu’un mince filet de sang et de substance grise coulera le jus d’un fruit trop mur. Ni plus ni moins qu’un instant nourricier. L’horreur n’a pas de visage, le jugement non plus.

Manger la tête du monstre

Manger la tête du monstre

Publié dans SF, ébauche

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