Regarder dehors les suiveurs et les suivants

Publié le par Rémy

Je regarde le périphérique depuis trente minutes. Depuis trente minutes des voitures y circulent, elles se suivent dans la lumière qui baisse et qui donne une teinte chaude à la langue de béton et goudron. Je regarde ces voitures se suivre sans discontinuer et j'en viens à penser que l'on se suit depuis bien plus longtemps que la nature d'existence des réseaux sociaux dont la raison sociétale d'être et de permettre aux gens de se suivre. Depuis que nous avons routes et automobiles nous sommes des suivis et des suiveurs. Avant encore depuis que nous avons des sociétés avec des administrations, des bureaux, des armées nous nous suivons de files en attentes contraintes. Et encore plus loin depuis que nos cultures ont érigées des citées, villages et villes nous nous y suivons les uns derrière les autres à marcher ensemble. Se suivre n'est pas un gage de modernité, se suivre c'est le reliquat de nos comportements grégaires qui nous souffle à l'oreille de suivre son prochain ou son prédécesseur. Se suivre c'est vieux comme le vieux monde. Et le périphérique ne se vide pas. On se suit, on se double, parfois quelqu'un prend une sortie, quelqu'un d'autre entre et jamais personne n'est censé se rencontrer, percussion puis accident et jamais nous n'avons le temps de construire un temps long comme ce panneau de l'hôtel formule un qui surplombe la route. Nous nous suivons comme les gènes d'un ADN, comme les galets dans le lit des fleuves, nous nous suivons comme les vivants après les cercueils des morts et le crépuscule avant l'aube. Nous nous poursuivons, c'est tout, il n’y a pas de quoi en faire un texte.

Regarder dehors les suiveurs et les suivants

Publié dans Chronique chaotidienne

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article