La lente angonie des jours lumières

Publié le par Monsieur Ray

Il est dix-huit heures et le ciel est encore bleu. Le soleil qui se tient par-dessus la ligne d’horizon arrose la nature de sa plus belle lumière, celle qu’il fait chaude et doucement rasante pour annoncer l’embrasement de son coucher. Suivront les instants interlopes qui se déchirent entre les chiens et les loups et enfin le retour de la nuit et de ses précieux rivages où j’aime à me blottir. Et ce cycle reprendra demain, repoussant de quelques minutes l’irruption noctambule de l’obscurité dans nos jours parce que les jours rallongent. Un bel euphémisme pour dire que le temps de lumière naturelle de nos journées se rallonge, les jours eux étant soumis aux vingt-quatre mêmes heures que toutes l’année.

Les personnes qui me connaissent bien savent à quel point je suis sensible à cette période de l’année. Je ne vais pas dire que durant ces moments où le soleil rogne à la lune le prestige de la scène me déprime, mais si ça ne me déprime pas je peux malgré tout dire que cela me rend triste ; triste et nostalgique. Et c’est paradoxal parce que je ne suis pas une bête de foire et comme tant d’autres parmi vous j’apprécie le temps beau, la chaleur et la caresse organique de la lumière sur le fond de mes yeux qui éclaire mon crâne d’une lueur saisonnière. Dès qu’un jour comme aujourd’hui montre ses formes à l’orée de mon calendrier et je lui ouvre la porte, littéralement j’ouvre ma porte et je la laisse ouverte pour écouter respirer le monde et m’insuffler un peu de renouveau.

Mais quand vient l’heure du crépuscule et que d’un regard sur l’horloge je vois qu’il est six heures, sept heures et ainsi de suite jusqu’à rogner sur les bords de la nuit j’éprouve une sincère tristesse, comme une blessure inutile dans les plumes d’oiseau de nuit. Je sais qu’il y a des personnes qui me connaissent assez pour penser à moi lorsque les jours rallongent et à ma difficulté remontée à la surface de la lumière, et je voudrais leur dire qu’à mon tour, à chaque jour qui me rend amère de son jour plus long je pense à elles. Merci.

Solarisation sur les méandres du jour avant que vienne ma nuit

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