Twitter me fatigue 1/2

Publié le par Monsieur Ray

2018. J’ai la sensation que chaque jour la polémique gangrène un peu plus les espaces de communications qu’offrent les réseaux sociaux à tous ceux qui se sentent l’âme d’un tribun.  A chaque jour son lot de diatribes et de galimatias rhétoriques déployés autour de threads Twitter ou de commentaires et de posts Facebook. Je ne suis pas là pour juger de la pertinence ou de la légitimité de tel ou tel débat que se greffe sur tel ou tel non événement non médiatique. Si je suis là, sur mon blog, dans mon royaume où je règne seul sur un peuple de lecteur qui ne dépasse pas les cinq personnes, c’est pour dire à quel point ces pseudos débats usent ma patience et érodent mon goût de la prise de parole numérique.

J’ai toujours apprécié le débat, la réflexion et la rhétorique parce que je trouve que cela fait avancer la pensée. Je veux croire à la possibilité de toujours pouvoir avancer idées contre idées, arguments pour arguments afin de forger une pensée qui s’éloigne de l’arbitraire et de la subjectivité pour s’approcher d’une vague forme d’objectivité. Je suis convaincu qu’un débat peut accoucher d’une idée suffisamment pacifiée pour accorder le plus grand nombre autour d’une forme de consensus idéologique.

Mais la loi d’usage sauvage qui régie les réseaux sociaux ne permet pas de forger une pensée. Cette tribune trop étroite et versatile pour installer une parole dans la durée et avant tout le perchoir des extrémistes. Et je ne parle pas seulement d’extrémistes religieux ou politiques, je parle de toutes les franges extrémistes des chaque microcosme social ou culturel. Pour chaque sphère au sein de laquelle vivent et végètent  des individus modérés ou silencieux correspond une frange d’ayatollahs et d’extrémistes qui montent aux créneaux et prennent la parole pour porter haut la plus radicale de leurs paroles. Et que cela soit bien clair, je considère comme normal, rationnel et légitime que de telles franges d’extrémistes s’expriment de cette manière.

Dans la loi la jungle sociale qui régit nos sociétés c’est naturellement aux plus grandes gueules que revient le fait de porter les idéaux de leurs groupes. Mais dans une société idéale, ces gueules ouvertes se confrontaient à une parole tout aussi large et audible qui était portée par la figure tutélaire des intellectuels. Les intellectuels campaient la force d’une parole et d’une pensée nationale et tutélaire et les grandes gueules des communautés représentaient la contradiction brûlante à apporter à une parole officielle et de cette confrontation pouvait naître un débat et du débat pouvait naître la forge d’une pensée nouvelle forgé dans le brasier de la confrontation.

Mais la figure de l’intellectuel est morte. Et les grandes gueules, radicales et extrémistes, sont devenues les seules voix audibles qui criblent de partialité la parole sociétale.

Dans le sillage funeste qui suit la mort de la figure de l’intellectuel, la montée en puissance de l’individualisme a conduit n’importe qui à croire que son avis, partial, partisan et subjectif est une pensée pouvant revendique à une portée universelle. Twitter est le champ de bataille pathétique et ridicule où tous les petits généraux de la subjectivité conduit son combat à la vie à la mort ; mourir pour des idées l’idée est excellente …

Twitter me fatigue 1/2
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