La dictature du commentaire

Il y a au bout du compte le chaos et l’ennui. Regarder Twitter c’est regarder le monde par le petit bout de la lorgnette, c’est comme regarder le monde à travers le judas d’une porte blindée bon marché, c’est coller son œil au trou étroit et sombre du canon d’un flingue et agiter les bras dans l’espoir d’attirer l’attention, attiser le RT et donc appuyer sur la détente. Je ne fustige pas la connerie, je ne critique pas la vacuité mais j’en veux à chaque pseudo tribun qui suppose que son avis est une pensée construite, argumentée et objective qui puisse aider le monde à avancer de prendre la parole en falsifiant la posture intellectuelle.  

Je me répète mais je reste convaincu que le monde en tant que société a besoin de nuance, de réflexion et de médiation éclairée. Et ce n’est pas la vindicte et le commentaire qui pourra remplacer cela. Or il se trouve justement que nous vivons dans la dictature du commentaire. La réponse rédigée au post lu sur un réseau social ou la présence du président de la République à Calais pour évoquer la question des migrants illustre ce même propos qui suppose la dictature du commentaire. Au lieu de partir d’un fait et d’accompagner la pensée par une grille de valeurs et raisonnement qui lui permettraient d’avancer vers une position plus englobante et plus éclairée la parole semble ne plus pouvoir se détacher du fait ; un fait puis une parole, un fait puis un commentaire, et dans le système actuel un fait puis un commentaire puis le commentaire d’un commentaire, puis le commentaire du commentaire du commentaire ou comment faire taire le fruit d’une réflexion et d’une pensée.

Métaphore de Twitter avec la subtilité d'une hache à deux main