L'homme vécu n'avait pas d'âme
Elle fumait. En sortant des toilettes, dans l’embrasure de la porte elle s’est arrêtée pour s’allumer une clope. Maintenant elle fumait. On venait de faire l’amour, je savais alors son odeur, sa sueur, la couleur mouillée de poils roux sous ses aisselles, je savais le fumé musqué de sa touffe sombre que je venais de visiter, et visiter et visiter encore. Elle sentait le sexe, le sexe fait, pas celui qui va se faire. En tout cas c’est ce qu’elle aurait dû sentir, sauf qu’elle venait de s’allumer une clope et que maintenant elle sent la fumée, sa bouche encore pleine de joie adolescente sentait la fumée. Elle tirait des taffes rapides et bientôt l’air entre la salle de bain et le lit sentirait la fumée. Je pouvais voir la fumée sortir de sa bouche comme mon sexe auparavant La fumée ça change tout, ça change une pièce, ça change une fille, ça change un homme et ça s’incruste dans l’imaginaire collectif d’une chambre d’hôtel.
Sous sa crasse, sous sa peau, sous la crasse sous sa peau il y avait bien un homme.Juste un homme, seul, sans regrets et sans perspective qui passait de longues journées les yeux dans le bleu de l'écran. Il était ça, une statue de chair perdue sous la sueur, le foutre et l'odeur de mâle qui émané de sa chair.