Jour # 1197 faire palpiter ce moment ailleurs entre les doigts

Publié le par #ceciestunblog

c'est une heure indue de la nuit, une de ces heures perdues durant lesquelles on sombre, où l'on se réfugie à défaut de pouvoir tout à fait fuir. Ce soir elle a veillé tard et maintenant elle se couche seule lui rappelle sa mélancolie. Les lumières éteintes la voilà à demie nue qui se glisse sous les draps ; si elle ne s'est pas tout à fait déshabillée c’est pour préserver sa pudeur, une attention maladroite et insolite dans un instant pareil. Les draps sont frais, la sensation un peu rêche d'une literie neuve, la fenêtre ouverte laisse entrer le vent et les bruissements de la ville. Son regard alerte dans le noir cherche à surprendre par delà l'horizon quelques étoiles qui brilleraient d’une lueur particulière. L'instant est beau et elle l'aime. Machinalement elle se tourne sur le côté le regardant toujours tourné vers le ciel. Elle rêve en refermant ses yeux ouverts de pouvoir faire palpiter ce moment ailleurs entre ses doigts. Ses bras enserrent un de ses oreillers, elle le serre contre elle. Elle le serre très fort comme s’il pouvait s'imprégner de son rêve. Elle retrouve ses gestes d'adolescente, des gestes qu'elle a fait avant mille fois toute seule, mille fois avant qu'elle ne puisse goûter à de l'amour, du vrai, celui des corps et la sueur. Elle retourne à des gestes qu'elle avait enfoui et l'oreiller qui redevient l'amant de ces nuits perdues. Sans y penser, ses lèvres se posent sur le tissu et embrassent ce garçon dont elle a croisé le regard dans le métro. D’un bras elle maintien contre elle l'objet pudique de son désir et caresse le dos familier de son dernier amour. Elle n'est plus immobile, sous les draps c'est tout son corps qui s'anime, elle se love, doucement s'enroule autour de ses envies enfouies. Elle s’endort, elles se réveillent, elle se tourne, elles reviennent et emportent l’oreiller avec elle l'oreiller jusqu’à ce corps à corps de chaire et de plume. Elle exerce en son dedans, elle s'oublie ou se retrouve c'est une question de point de vue, une question de temps. Ses rêves ne se posent plus de questions, ils s'incarnent sans retenue dans le carré de tissu qu'elle maintient contre elle. Elle prolonge l'instant jusqu'à ce qu'une pensée nouvelle l'emporte ailleurs deux doigts dans le sommeil

Publié dans Divagations diverses

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