Ma peau

Publié le par Rémy

Nous portons tous à même le corps le premier de nos organes, peut-être le plus vaste, certainement le plus visible. Je parle de la peau, nos peaux, notre peau, couverture et interface, frontière et dévoilement de nous-même. Bien sûr la peau est là, c’est une évidence à moins qu’un ou deux écorchés vifs traînent leurs chairs sur les pages de ce blog, mais ceux-là mis à part, je dis une évidence sans intérêt. La peau est là et nous sommes la peau. Alors pourquoi est-ce que je parle d’elle ici ? Parce que souvent, et de plus en plus souvent en vieillissant, je regarde ma peau pour y chercher des marques, des traces, des sédiments symboliques laissés par le temps et les usures de la vie. Je regarde cette surface imparfaite, je la touche et la caresse bien souvent lorsqu’elle s’abime, se coupe, s’écorche et se rappe et alors je regarde ma peau sous mes doigts je la palpe et j’observe avec une attention particulière ses déchirures qui érodent son unité. C’est parfois douloureux une peau blessée, surtout sans c’est la sienne, parfois ce n’est rien qu’une égratignure, mais c’est toujours beau. Je ne fais pas l’éloge de la cicatrice et de la scarification, rituelle ou névrosée, non si je trouve beau une peau abimée c’est qu’elle révèle la grande puissance de la peau et du corps et de l’individu dans sa chair : sa capacité à se régénérer. Je regarde ma peau, je regarde une plaie, je la regarde jour après jour se ressouder, se ressourcer, se régénérer, se renouveler et souvent disparaître lorsque pour ainsi dire j’ai fait peau neuve.

Je ne suis pas en train de lapider mon âme et les marqueurs du temps, si j’admire la capacité de la peau à se renouveler c’est parce que je regarde avec le goût de la métaphore et je voudrais y voir mon âme, mon cerveau ou mon esprit. La chair et son transporteur le corps possèdent une certaine capacité de se renouveler et d’ainsi digérer les épreuves physiques qui maltraitent ; mais curieusement l’esprit et l’âme ne possèdent pas la même élasticité. Bien sûr l’on parle de la résilience pour nommer la capacité de l’âme à traverser l’horreur des épreuves les plus difficiles. Mais la résilience ne s’entend pas comme un renouvellement de l’âme, mais plutôt comme une transcendance, un dépassement, bref une évolution. C’est très bien, mais je regarde ma peau, je pense à mon âme et je me dis que parfois les choses seraient plus simples si l’âme pouvait se renouveler et digérer elle aussi les traces laissées par l’expérience du temps. Bien sûr tout ceci n’est qu’une métaphore qui d’ailleurs m’amène à mon prochain article que j’écris en avance et dont je viens de réaliser le lien avec celui-ci alors que rien n’était prévu au départ …

Ma peau

Publié dans Je est un Blog, Réflexion

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