Comme une page vierge

Publié le par Monsieur Ray

J’allais céder à une sale pulsion, une pulsion de recyclage et au dernier moment je me suis retenu. J’ai refermé la fenêtre et j’ai ouverts une page blanche, une page vierge mais pas vierge du vertige et de l’angoisse qu’elle m’inspire. Et qu’importe si c’est tout à fait exact, l’important c’est que je trouve que ça sonne bien. Tout le monde sait qu’en vérité il n’y a pas d’angoisses qui naissent ni à l’intérieur ni à la surface des pages blanches. Les pages vierges sont des miroirs qui nous renvoient à nos propres démons et si j’hésite parfois à en ouvrir c’est que j’ai peur d’ouvrir la porte à mes démons qui au mieux peuvent parfois prendre l’apparence de la médiocrité.

Rouvrir de vieilles pages déjà déniaisées et noircies par mes mots c’est prendre peu de risque. Et le recyclage devient alors du remplissage et le remplissage sonne comme une forme d’imposture à soi-même. D’ailleurs parfois je pense que de reprendre un texte existant, de le remanier et de le publier ici est un gain de temps et une économie d’énergie mais c’est faux. Oui c’est entièrement erroné parce que le temps et l’énergie que je prends à retravailler les mots pour gommer les signes qui trahissent ma présence est plus chronophage que d’écrire une chose neuve. Les choses que je ne publie pas ici sont trop impudiques pour que je puisse les assumer.

Alors j’écris des choses neuves, un peu vides, un peu tristes, plus plates , des choses à mon images, à l’image d’une page vierge.

Publié dans Chronique chaotidienne

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