1592 ème jour : Arriver à l'heure

Un peu vétuste comme temps qu’il reste ; onze minutes en moins et un tour d’horloge et une minute de moins, le temps en miette, le temps émietté et tempête dans une oreille interne, le temps t’accule au pied du mur, au pied de l’aiguille, la grande et la petite qui se rencontrent au sommet du temps, summum des horloges aux poignets des serpents ; les sauriens ne peuvent donc pas connaître l’heure, pas la leur en tout cas, pas question de manquer de temps pour eux puisqu’ils ont le temps pour eux ; grosse bouche pour avaler le monde et des mois, des années pour le digérer ; le monde dans l’estomac et le monde dans les talons mais moi je ne suis pas un serpent, je suis le tour du monde juste avec mes bras, juste avec mes yeux, d’un regard j’embrasse et d’un geste j’embrase et je creuse aussi des sillons, toujours les mêmes et parfois pas, toujours la terre et parfois des lignes tracées sur la feuille, le papier et la paume de la main, de la mienne ou dans la main d’autres personnes et plus que sept minutes c’est bien assez pour se sentir en avance, il n’y a qu’à l’heure pile que nous sommes pile dans d’autres cas nous sommes toujours en avance et parfois en retard.