Sur le bord de la route une prostituée

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Je n'en avais jamais vu de pareille avant, le long de la route qui mène Montpellier à Sète, presque nue la prostituée en bord de route. Derrière elle le blond des blés et au devant d'elle le bitume des routiers et des voitures de famille. En pleine journée, plein soleil, elle debout droite dans ses bottes, mince et raide comme une plante ayant grandie sans eau dans la rudesse des rocailles, plantée sur ses pieds le regard dur qui passe au travers de la route, au travers des vitres baissées, au travers de soi et qui se perd loin derrière entre l'horizon et le néant. Ce n'est pas la première fois que je croise le corps campé d'une pute au bord d'une route ou d'un boulevard, mais encore aucune comme elle, comme elles, ses collègues assises en bas de la ligne du regard et les autres que le reste du long de la route. Peut-être est-ce la lumière du jour qui me donne cette impression étrange, plus sûrement le fait qu'elle se tenait droite, digne ne portant qu'un soutiens-gorge et qu'une petite culotte, culotte de petite fille blanche rayée de rose avec des cerises en guise de décoration ou peut-être des coeurs ou des Hello Kitty mais quelque chose que je ne suis pas sûr d'avoir identifié mais qui a inscrit dans mon non conscient une impression juvénile dérangeante, contrastant avec la duretée de la scène. Une scène de quelques secondes échangées en roulant, je ne suis qu'une paire d'oeil parmi le flot de dix-sept heure à se braquer sur cette paire de sein à vendre. Un échange fugace, tout au plus une impression imaginaire, une incertitude évoquée comme une dame blanche du zénith avec un peu moins de vêtements mais pas moins de mort.

Publié dans Je est un blog, prostituée

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