Jour # 489 y'a comme une odeur de braise sous la cendre
Envie de baiser – envie de câlins ; faut-il les opposer, les associer, les lire en transparence avec le même sens, les mêmes enjeux, la même envie de vivre qui palpite sous ces deux expressions qui cèdent à la langue de France le romantisme ou la vulgarité – envie de baiser et envie de câlins seraient-ils deux expression un seul et identique désir ? Il est possible que je n’ai pas la langue de bois mais pourtant je ne sais pas répondre à cette question, je suppose que si je savais répondre je n'aurai pas cette envie de "baiser" car la réponse m'aurai - je l'imagine - permis de le faire. Faut-il comprendre qu'une femme qui a envie de câlins ressent dans son corps la même envie qu'un homme qui a envie de baiser ? Je pense que c'est vrai, ou partiellement vrai en tout cas, partiellement parce qu'entre deux hommes qui disent avoir envie de baise et deux femmes qui disent avoir envie de câlins il n'y a pas forcément la même notion et de la baise et du câlin et donc cette nuance - ou variation - au sein du même sexe se retrouve aussi forcément entre les sexe opposés. Mais je pense que ces deux expressions relèvent du même manque ou de la même pulsion. Mais alors pourquoi deux mots différents pour exprimer ce que le corps dirait d’une seule voix ? Je voudrais bien le savoir et répondre d’un trait d’esprit, une fulgurance telle que les femmes courront se jeter dans mon lit mais tant de chose peuvent intervenir pour moduler nos mots ; la timidité, la pudeur, l'impudeur, la provocation, une forme de rationalité terre à terre qui dirai le besoin du corps sans dire le reste, une forme de sensibilité qui dirai le besoin de l'âme sans dire le reste, l'honnêteté, la peur, la tendresse, la mise à distance de l'autre ou la volonté de l'apprivoiser ; la baise laisse l'autre à distance le câlin le rapproche, à moins que ce ne soit que la résurgence des modèles ancestraux de la femme docile et du mâle dominant, la peur de l'engagement, l'envie de la présence, figures de rhétorique sexuée, machisme contre romantisme, ce n'est peut être qu'une question d'éducation et de culture personnelle, que l'on se construit où que l'on consolide, des mots pour façonner son image, tant de chose encore.
Mais si je dis baiser, si j'use de la langue vulgaire pour cristalliser ce désir charnel, c'est pour dire mon envie d'avoir une relation sexuelle - non pas une main une suite, une série, un certain nombre de relations sexuelles - sans m'engager dans une relation qui soit de l'ordre du sentiment et de la contrainte. Juste du plaisir à partager, un plaisir à prendre en bonne compagnie sans devoir se séduire, se rendre fidèle, attentionné ou attentif pour s'octroyer les bonnes grâces de cette partenaire - féminin singulier ou féminin pluriel -. Je réalise que dans baiser ce qu'il y a de vulgaire ce n'est pas l'acte sexuel qui reste pour moi un partage de passions charnelles sur une base de respect et de connivence réciproque mais c'est l'après, l'avant, c’est ce qu’il se joue hors du lit - où de n'importe quels lieux où il est bon de baiser - c'est cette relation sans enjeux émotionnels, sans séduction, sans attention, c'est s'endormir après avoir joui sans prendre le temps de la tendresse, c'est la séduction qui se meurt, juste un coup de téléphone - tu es dispo pour baiser ce soir ? - c'est l'indifférence à l'autre en dehors de tout enjeux sexuels, oui tout ceci est vulgaire mais jamais la baise dans sa dimension charnelle ne le sera vraiment - vulgaire - pour moi et pourtant c’est ce que je veux la liberté individuel et le jouissance collectif, c’est la présence de l’autre dans mon lit et pas au dehors, c’est un fantasme qui est là depuis si longtemps que je doute qu’il advienne un jour alors à défaut de pouvoir le faire – baiser – je puise dans la tension sexuelle de sa frustration l’encre de mes mots - et j’aime ça -