Jour #1358 Entre l’homme de quatorze et celui de dix-huit
Non, je ne suis pas un autre, nous sommes juste le matin, la matinée, petit bout de jour déjà debout battu par les vents et mâtiné des cernes aux contours des yeux et des cernes, aux contreforts du cœur, le cœur place même de la poésie, source de prose & sentiment, d’art et puis de révolte.
Nous sommes juste le matin, nous sommes tous, la somme de nos vies, de nos errances, de nos erreurs, de nos génies. Et le monde sociétal occidental nous intime d’être au pli, d’être au poil, que la somme des nous doit tomber juste, mais nous ne le sommes pas.
Le vent a soufflé la nuit et le jour a dévoilé nos incertitudes ; on voudrait nous faire croire que nous sommes différents de la virtualité de nos avatars numériques qui peuplent les réseaux comme si notre virtualité était une fausse facette de nous. Pourtant, la vérité c'est que les personnalités, personnages que l'on se crée dans le virtuel en disent bien plus sur nous que nos corps inscrits dans l’espace public et géologique du monde. Ce sont nos mensonges, nos postures et les illusions que l'on voudrait se faire croire qui disent qui nous sommes.
C’est le paradoxe de l’aube ; sommes-nous les mêmes à la nuit, à l’aube et au matin ? Pourrions-nous prétendre sans hésiter que nous sommes la même personne à chacun de ces temps donnés ? Je sais bien que non, je le reconnais, je les reconnais tous ces autres moi, celui du matin, celui de midi, et le fou erroné des 16 heures et le loup camouflé des 23 heures et tous les autres aussi.
Ce n’est pas une course, le matin se lève, c’est dans l’ordre des choses, de ces choses qui se font dans l’ordre et au sein même du moi se tournent les mêmes pages, s’enchaînent les mêmes saisons et les hommes en moi se suivent et se remplacent, se côtoient puis s’ignorent et s’il fallait à partir de ce point digresser sur l’amour je ne doute pas que l’amoureuse qui fera de moi l’amoureux qui éconduit sa raison au profit de l’aveuglement passionné sera la femme qui saura débusquer chaque homme en moi et les aimer tous, la femme qui saura où trouver ces hommes qui habitent en moi et tous les aimer, oui tous, alors peut être que se réveillera l’homme amoureux celui qui se trouve quelque part entre l’homme de quatorze heures et celui de dix-huit.