Jour # 1280 Une ombre chinoise avec une bouche d’ogre
Mon asile dans l’aile droite de la tête, comme un choix sans libre arbitre. Cellules grises capitonnées à l’intérieur du crâne comme une veste fourrée et doublée avec une extraordinaire pièce de tissu luxueux mais molletonné ; demi-cerveau comme une cage close, un vase vide qui dévisage son vis-à-vis d’un œil torve et suspicieux. C’est ici l’autre côté du miroir, le petit manoir des folies et des dames frivoles, l’aile droite du manoir est condamne et flotte dans l’air comme une silhouette fantôme de mon propre corps ; la persistance démodée de celui qui s’est pendu dans la carcasse de ma cervelle, petit corps debout suspendu aux nœuds des neurones et je me hante moi-même du rang des petites habitudes elles aussi démodée. Je me rappelle la petite courtisane aux grands yeux fous, depuis les nimbes mémoriels où elle est née elle a grandie petite, petite devenue grande, pas tout à fait femme mais pas loin de l’être et dans la verve encore verte qui sort de sa bouche délicieuse encore des mots frais qui font de mes petites névroses de charmantes habitudes. C’est la force des muses, l’intérêt pragmatique aussi, que de transcender les névroses en des choses plus belles que l’on danse et que l’on scande avec malice pour jubiler de la belle ironie d’un sort qui s’amuse de nous, qui se joue de soi. Une ombre chinoise avec une bouche d’ogre, petit phénomène mystique à qui l’on fait des offrandes qui ne sont pas des mots, petite ritournelle sur l’autel consumériste