Jour # 1105 sous les pavés la barbe

Publié le par #ceciestunblog

j’ai rapporté ma barbe de voyage ; je porte la barbe ou le poil long depuis mon premier véritable voyage, ce genre de barbe que les hommes ramènent après un mois à traverser un peu de l’Europe ; ce n’était pas un trophée ni un souvenir mais plutôt une étape, une façon de s’approprier soi, de mettre en application l’adage qui dit que les voyages forgent quelque chose, la jeunesse dit-on mais forger sa jeunesse c’est juste devenir soi ; ainsi depuis 2006 je porte une barbe, pas forcément belle ni fournie mais peut importe, je porte ma barbe, six ans qu’elle fait partie de moi, de mon image, de mes tics de langage et de ces geste que l’on fait pour rien et qui trahissent l’excitation ou l’anxiété. Aujourd’hui j’étais fasse au miroir, je venais de rendre à mes cheveux la longueur réglementaire estivale - c'est-à-dire 3 mm - et alors que j’étais entrain de tailler ma barbe au sens de l’entretenir je me suis aventurer à la tondre elle aussi. Sans raisons particulières juste de la curiosité, curieux de voir la tête qui se cachait derrière les poiles et puis quand on entame ce genre de geste irréfléchie on réalise rapidement qu’ils sont à court terme irréversibles ; que le poil repousse n’est pas une justification pour porter une demie barbe ou trois quart de barbe mal taillée ; donc une fois lancé je suis allé au bout de la tondeuse puis du rasoir ; le rasoir et sa mousse ont cela d’intéressant qu’ils couvrent, cachent puis dévoilent progressivement rendant le choc du dévoilement moins frontale. Et pourtant c’est bien un inconnu qui est apparu dans le miroir, je n’ai même pas un souvenir de qui pouvait avoir cette tête là ,sans barbe, sans rien, un véritable inconnu, une autre personne, certainement un autre moi mais un moi que j’avais oublié et qui surtout ne me ressemble pas ; avec son nez proéminant et sa bouche minuscule perdue au milieu d'un océan de chaire j'ai un peu de peine pour la tête de cet homme. Je ne sais rien de lui, je ne connais pas son visage je ne connais pas son image je ne reconnais même pas ses formes quand je les touches, je suis un autre ou je ne suis personne, je ne suis plus moi à moins que je ne le sois plus que jamais mais si tel est le cas je ne me connais pas et j’ai hâte de retrouver celui que je connais, ce moi que je reconnais quand je le vois ; je sous estimais la personne sous la barbe et je ne sais même pas qui vous écris cet article ; factuellement c’est l’homme sans barbe mais si on regard un peu plus loin sous la peau que ce soit sous la peau du barbe ou sous la peau de l’imberbe je crois qu’il y a la même personne même si j’ai peur que d’avoir rasé ma barbe induise des glissements de ma personne vers des choses dont je n’aurai pas la conscience ; les gens sans barbes sont-ils si différent de moi ? Le pire dans tout cela c’est que c’est un sentiment aussi éphémère que banal, le pire c’est que des millions d’hommes se rasent tous les jours tous les matins dans la plus belle des indifférences ; je crois que sous la barbe je suis pire qu’une femme enceinte ou qu’une jeune maman

 

# barbier de sibérie

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