Jour # 103 la barre est dure
Je suis ce canal dont on a fermé l'écluse pour le vider, je suis ce canal de boue et de merde et dessous les trésors, pas trésors à deux sous adossés deux cent pieds sous terre mais des perles d'âme, des fragments polis par le temps et la caresse douce de ma mélancolie, je suis un canal fermé l'écules couverte de mousse et mes deux yeux plantés dans le vert de la vase, c'est la valse sur les ruines misent à nues car sous l'eau retiré c'est ma carcasse articulée et mon corps en coup de fouets cicatrices. Tout nettoyer totalement impudique j'ai le crane en creux et l'archétype aussi crasseux que graisseux, mais quoi de mieux pour tout mettre à nu et tout comprendre, comprendre un instant, un instant seulement avoir cette vue à vif de mon esprit à vif cœur et âme écorchée le regard qui s'accroche à toutes les aspérités, comprendre et saisir, une fulgurance dans le temps vers l'infiniment court, tout comprendre, photographier pour établir les plans d'un avenir accroché, Et demain ou pas loin le canal sera en eau et moi je serai en moi, je serai en eux, je serai en elle, je serai en chaire et en eau et en os, toucher le fond sans sombrer sous la surface