Aspiration littéraire
Un jour je parviendrais à prendre possession de l’infini pouvoir des mots. Bien sûr rien qu’à placer ici infini place déjà un obstacle à mon ambition parce que l’infini est une notion qui ébranle et écorche souvent l’esprit humain. Un jour je parviendrais à prendre possession de l’exacte pouvoir des mots. Non pas qu’exacte s’oppose à infini même si l’idée me paraît au moins cohérente, mais je veux signifier que je voudrais pouvoir jouir du pouvoir évocateur sans limites connues des mots. La morale a des limites, l’attention a des limites, l’étique a des limites, l’esthétique a des limites, le commerce a des limites, le potentiel d’exploration de la littérature n’a pas de limite que la limite de l’imagination de celui qui en use.
C’est ce que je crois, les mots et la littérature lorsqu’ils sont associés permettent de repousser bien des limites, d’explorer bien des zones, mais c’est plus qu’une potentialité, c’est un devoir. C’est ainsi que je pense que la littérature devrait être ; l’expérience d’un dépasse, d’une transcendance. Les autres formes, aussi légitimes soient-elles, incarnent d’autres choses que la littérature. La littérature est à placer au même niveau que l’art et sans expérience de son pouvoir de transcender les concepts ou le réel l’art n’est qu’un brouillon. Je voudrais que ma littérature puise prétendre aux mêmes ambitions transcendantales.