Découvrir le travail des beats makers

Publié le par Rémy

Hier soir comme souvent lorsque le sommeil tarde à rôder derrière mes paupières je trainais mes yeux sur YouTube. L’algorithme a eu l’idée de me proposer des vidéos de beats makers. Pas des vidéos de production de beat maker, mais des vidéos dans lesquelles différents beat maker et producteur de son hip hop expliquent un de leur son ; comment ils l’ont construit et parallèlement comment ils en sont venus à produire ce genre de son.

Du rap j’en écoute bien sûr, je ne suis pas expert mais j’ai ce genre depuis longtemps. Mais j’ai toujours cru l’aimer d’abord pour les paroles, les mots, le flow et l’inventivité renouvelée de la langue hip hop. Surtout que je me suis persuadé ne pas avoir d’oreille, pas de sens du rythme, pas de goûts musicaux suffisamment développés pour savoir apprécier la musique sans distinction de genre.

Bref, je n’aurais pas dû cliquer sur une telle vidéo, finalement ça n’aurait pas dû m’intéresser, mais dès la première vidéo j’étais passionné. Déjà parce que les personnes interviewées étaient elles mêmes passionnées. Elles jargonnaient des termes techniques et musicaux que je ne connaissais pas mais j’ai toujours aimé la musicalité du jargon, le mystère poétique d’une langue pointue, technique et pragmatique. Mais au-delà ce cela j’étais passionné par la manière dont ils exposaient leurs mécaniques créatives.

J’ai toujours éprouvé une forme de jalousie pour la musique vis-à-vis de l’écriture. Ecouter ces beat maker d’origines et de formations différentes ravive un peu cette jalousie mais en même temps ça me stimule, quelque part ça me parle. Ma poésie est là, quelque part dans ma tête, dans la rythmique et la musicalité des mots et observer ses personnes découper les sons, retravailler les sons comme une matière meuble et malléable jusqu’à s’en approprier l’essence ça me fascine et ça me rappelle ce que je voudrais parvenir à faire par l’écriture.

Forcément je pense au cut-up de Burroughs, je pense à toutes les œuvres poétiques qui travaillent les mots comme de la glaise et je me sens tout petit. Mais je comprends que dans le rap, dans les raisons qui me poussaient à aimer le rap il n’y avait pas que la créativité des mots, il y avait aussi l’intuition que cette force créative était à l’œuvre dans la musique. Il n’y avait pas que le sample, il y avait une force sourde qui modifiait les choses depuis les tréfonds. C’est ce que je souhaite à ma poésie.

Découvrir le travail des beats makers
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