La mort, la nymphe et le temps de l'introspection
Est-il important de faire son introspection pour comprendre le sens de son art ? Je ne le sais pas et je me pose la question. J’ai longtemps cru que je n’avais pas à faire mon introspection parce que j’avais la sensation d’être à jour de mes penchants, de tendances, des déterminismes et mes goûts. Je pensais, qu’à un instant T je pouvais donner à celui qui m’aurait posé la question les tenants et les aboutissants de mes goûts et de mes couleurs. C’était tout à la fois très naïf et hautement prétentieux d’avancer que j’étais capable de porter sur moi et mes influences un regard objectifs. Mais je le faisais, certainement pas par paresse intellectuelle mais plus sûrement par manque de courage. Parce qu’à défaut de réellement voir en moi le jeu de pressions et des influences extérieures qui se jouaient de ma conscience, de mon inconscient et de mes pulsions je me voyais je suppose comme je voulais être, ou alors comme je trouvais rassurant de m’imaginer et prétendre savoir ce qui se jouait en moi c’était ma façon je suppose de convoquer une pensée magique pour cimenter cet espoir d’être celui que je disais être.
Mais le temps fait son œuvre et comme sur le plus solide des ouvrages d’arts, de nature ou d’architecture l’entropie du temps ébranle les certitudes et ouvre à l’âme la place au doute et par escalier la place à un regard introspectif. Aujourd’hui je me retourne sur moi et je regarde mes images, mes écrits, mes passions, mes compulsions, mes souvenirs avec l’œil critique du temps et j’examine cette personne comme un personnage afin de déceler en elle ce qui m’avait échappé sans être sûr que je saurai alors reconnaître cette personne en moi et inversement.