Un trait de prose
Je suis poète, ça m’sert l’os
Poésie mise en joue, armée à l’épaule
Avant que celle-ci ne devienne gigot
Qu’elle soit bouffée par des bourgeois
Pires qu’la vermine grouillante
Sincère dose d’ivres ratures
Que je gerbe aux pieds des lampadaires
Entre les putes, les clochards, les éboueurs
Et le génie de quelques chiens
Le périphérique charrie la doxa en bus payant
Tous avec la tête tournée vers l’abattoir
Y’a tant de combats à mener, encore
Des risques de balafres sur son vélin
Des victoires au goût de venin
Des défaites amères à panser
Et des médailles plantées pour équarrir les poitrines
Heureusement que ce n'est pas beau la peau lisse
J’ai le cuir scarifié par des stigmates de ponctuation
Des débris de rimes rompues et du verre brisé
Comme les coupes pleines des disputes des couples
Les cicatrices sont le langage du temps
La langue des doigts du langage des caresses
D’un passage à la surface de ton histoire
J’écoute ses remous gravés dans les fleurs de ta peau
Poésie par rafales sur la carrosserie éraflée
Ta carlingue déglinguée est secouée
Par les soubresauts de ton cœur ébranlé
Les réacteurs sont en flammes, feu
Dix mille mètres sous tes pieds
Le parachute en torche paraphe ta trajectoire
Et la comète comme un point tombe sur ma ligne d’horizon