Fragment de fantasy gothique

Une fois par mois quand la lune disparaissait sous les nuages et que la brume s'élevait de là où croupissent les morts, à mi-chemin entre les cieux noirs et aveugles et le sol grouillant de vermine les gargouilles se réveillaient … Le visage simiesque de la gargouille lui donnait un air suffisamment humain pour reconnaître les traits de la colère qui barraient son expression mais son visage était aussi suffisamment différent de celui des hommes pour inspirer un sentiment d'étrangeté terrifiant. Alors quand la pierre fît le bruit sourd du grondement du tonnerre quand elle déployait ses ails nous ne pouvions que fuir en hurlant … Quand l'aube commençait à poindre et faire blanchir la ligne pâle de l'horizon il était temps pour les gargouilles d'ébranler leurs silhouettes démoniaques et de rejoindre les rebords des toits des églises et de se laisser prendre par la pierre pour survivre à l'enfer d'une journée chez sous l'œil brulant des hommes … C'est ainsi que les gargouilles traversaient les siècles en se logeant sur les frontons les plus hauts des bâtiments des hommes, là où d'aucun ne pouvaient dire si un sculpteur fou avait bravé le vertige pour figurer ces silhouettes noires. Les ombres qu'elles jetaient sur les ruelles en contrebas s'étendaient depuis la nuit temps sur la vie des passants les habituant à cette présence étrange sans qu'ils n'osent lever la tête et fouiller les permis de construire avant de réaliser que personne n'avait commanditer ces étranges statues … Aucun des hommes du quotidien ne pouvait différencier les figures grimaçantes des êtres de pierres qui longeaient leurs toits ne pouvant faire tri entre le bon grain et l'ivraie, entre les démons prisonniers et les gardiens rugueux de marbres usés ...

Une gargouille de Franck Frazetta