La poésie est une catin qui s'ignore

La poésie est une catin qui s’ignore, c'est vrai puisque c'est dans le titre. Ne cherchez pas plus loin que le bout de la rue, à l’angle d’une ruelle et d’un boulevard, sous le feu décrépit et jaune d’un réverbère la poésie piétine de ses cent pas le lambeau de trottoir qui fait son héritage. Ok c’est vrai la poésie se paie en vers et s’offre dans le trouble d’une fausse innocence à celui qui aligne à la ligne le plus de vers, de strophes et d’élan poétique et qu’en théorie on ne séduit pas une putain avec de jolis mots mais plutôt avec le vert des billets même s’ils ne le sont plus depuis aussi longtemps que la catin n’est plus vierge. Mais le vers, la prose, le fric, et tous les verres vidés, les tessons menaçants brandis dans la nuit d’une ruelle poisseuse c’est du pareil et du même, de la prose et de la poésie.

Et qui tu es pour croire qu’une putain ça ne s’achète pas avec des mots ? Tu es bien sot et sûrement naïf aussi pour ne rien voir au-delà des tarifs que tu dresses entre elles et toi, entre tes rêves fantasmatiques et la frontière pécunière dont tu suppose dans le torve de ta tour de verre qu’elle est frontière humaine. Pauvre sot, tu es bien con, infiniment navrant de vérité outrancière qui falsifient le réel. Range donc ce pénis qui te sert de cerveau, de plume et d’ancre à ton réel ; la vérité c’est qu’entre une prostituée et toi c’est de la poésie qui s’échange, c’est de la poésie qui se tarifie et qui se fait plus ou moins nu sur le siège passager de ta berline. N’oublie pas que c’est la place du mort et que t’es raide. Ne te soucis pas de l’ironie, goût seulement à la poésie.

Il n’y a pas de femmes objets, seulement des muses et de la prose et l’interlope espace que permet l’acte poétique, le travestissement du réel pour ce qu’il n’est pas, plus ou pas assez, pour le son lyrique et l’emphase nue.

La poésie est une catin qui s'ignore