Le brâme des moutons au coin de la télévision

La puissance nécrotique du monde médiatique c’est de muer l’éructation de lieux communs en éjaculation d’avis soi-disant éclairé. Télé plate mais convexe entre ses extrémités de coins carrés, vision de la presse parquée en troupeau de papier dans les kiosques, cœur choral des chroniqueurs qui brâment à l’unisson, radiographie des ondes pour encéphalogramme en mode FM ; il y a de moins en moins de place pour l’édification de la pensée et briques à briques rhétoriques d’une réflexion. Lumière ? Non, pas l’temps. Zapping.

Alors, au firmament de la punchline et sous les auspices de communiquant, de publicitaires et de créateurs de contenu qui ne disent pas leurs noms on a formaté la mécanique médiatique pour recycler les évidences, les lieux communs et les lapalissades esquissées au dos des images d'Épinal. C’est sur Twitter, c’est sur Facebook, sur BFM ou aux vingt heures de TF1 … Des évidences cents fois éculées maquillées en pétasses racoleuses qui aguichent le chaland en lui soufflant dans le creux de l’oreille de pathétiques gros titres percutant comme un boxeur français.

Est-ce parce que le péquin moyen assiste chaque jour au dévoilement d’une pensée rase, pauvre, molle, fausse, travestie, médiocre et tronquée qu’il fini par se dire qu’à son tour il va pouvoir transmettre ses préjugés, ses lieux communs et ses conneries autour de lui ? Est-ce comme cela que l’on se retrouve les jours internationaux, les jours de drames, les jours d’info, les jours d’histoire, les jours notables, avec le troupeau docile de la doxa qui se transforme en éditorialiste internet, éditorialiste 2.0 quand le deux, le point et le zéro désigne le niveau d’élévation de la pensée ?

C’est ce que je pense mais peut-être que j’ai raison et que c’est bête – domestique, même pas sauvage … – mais qu’importe finalement, pourquoi pas moi ?

La doxa et sa langue mortifère