Le sculpteur d'un dieu

Publié le par Monsieur Ray

L’orfèvre de dieu sculpte des corps de noir et de blanc, usant la pierre et façonnant l’ivoire jusqu’à ce qu’une émotion érotique émerge de la matière. L’orfèvre esquisse ainsi un profil minimal avec l’appendice nasale subtilement retroussé qui surplomb des lèvres entrouvertes dont la pulpe retranscrite respire la réalité. Le don de l’orfèvre découpe dans l’âpre matière une chevelure probablement blonde dont la forme longue cascade sur des épaules cagneuses.

Est-ce seulement une femme ou bien avons-nous devant nous juste une forme, le trait de l’art ou à peine l’esquisse divine d’une grâce infinie ?

À chaque mouvement de ciseaux l’orfèvre donne de la substance à son geste créateur. Avec une minutie charnelle il arrache à son bloc les scories qui font émerger des traits fins sur le visage qu’il sculpte et ces lignes s’harmonisent en courbes subtiles qui forgent de la féminité sur l’autel enfouie des souvenirs juvéniles. Il taille ensuite des clavicules assaillantes comme si elles portaient les cicatrices angéliques d’ailes perdues qui auraient été arrachées au tronc d’un oiseau de paradis. De l’autre côté du buste, à la surface d’un océan d’écume blanche l’orfèvre a su donner l’impression qu’une poitrine émerge sous la forme évoquant le tissu.

Et l’équilibre tient, sur son piédestal muséale, devant l’aura d’un fond noir l’orfèvre de dieu à posé son ébauche et la scrute d’un œil insatisfait.

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