Chiner sa bibliothèque #32

Publié le par Monsieur Ray

Déjà hier je parlais de certains livres que je chinais comme des objets de curiosités ; c'est-à-dire des livres qui m’intéressent plus pour ce qu’ils représentent en tant qu’objet que pour leur contenu littéraire bien que jamais je ne puisse mépriser les mots au point de ne leur prêter aucune importance. Ce statu d’objet de curiosité agit en amont, au moment où je croise le livre objet sur un étale de vide-grenier et qu’il m’interpelle pour autre chose que ça littérature. Si je croise de la poésie je vais la désirer parce qu’elle est poésie, si je croise Victor Hugo ou un auteur que je connais de près ou de loin je voudrais posséder le livre parce curiosité littéraire de pousser plus loin la connaissance vague ou par plaisir de retrouver une littérature que j’aime. Dans les autres cas, il y a les livres qui me séduisent par leurs couvertures, les livres qui me plaisent pour leur âge, ceux qui me racolent avec leurs prix bas et puis il y a les objets de curiosité qui interpellent ma fibre curieuse et voyeuriste, et qui réveillent l’archéologue et l’idéologue qui sommeillent en moi.

En même temps si la curiosité n’est pas le moteur central du chineur je ne sais pas ce qui peut pousser une personne à arpenter les vide-greniers.

Ce matin là j’étais tôt, dans le soleil levant, dans le frais et dans la légère cohue de ce vide-grenier de village qui s’installe. Sur un des premiers stands je me penche sur un livre dont le visuel m’interpelle ; j’y vois ce qui je pense être du street art et c’est pour ça que je m’y intéresse. Ma mère est amatrice d’art de rue et en feuilletant le livre je me dis que je pourrais le lui offrir à l’occasion. Le titre pourtant écrit en grand sur la couverture ne me parle pas, Matin Brun, lors de mon premier regard j’ai cru qu’il s’agissait du nom de l’auteur, peut-être un Martin Brun, la joie d’être dyslexique et mal réveillé. Le livre comporte de nombreuses images d’art de rue et de quelques pages de textes. Pour 1 euro je décide de le prendre sans bien savoir ce qu’il contient.

Plus tard, ayant tweeté mes achats une personne m’interpelle et me fait remarquer que Matin Brun est vraiment un super texte. Du coup, intrigué je reprends le livre en main et je m’y intéresse vraiment. Matin Brun est bel et bien le titre de ce texte court de Franck Pavloff. Ce texte est un coup de colère, un coup de poing, une fable courte et qui stigmatise la montée des totalitarismes. La lecture de ce texte est d’une grande proximité idéologique et j’ai été étonné en lisant que le texte date déjà de 1997. En presque vingt ans Matin Brun n’a rien perdu de son sens et de sa nécessité de faire bouger les lignes de réflexion des individus et donc des lecteurs. Pour les images d’illustrations qui accompagnent avec force le texte le long des pages de cet ouvrage ce sont des œuvres de l’artiste urbain C215. Je croyais acheter un simple livre d’image et je me suis retrouvé avec une courte fable antifasciste dans un petit livre puissant. Une belle trouvaille que je dois à ma curiosité du matin.

Autre matin, autre livre, autre stand pour un autre style de contenu. Devant un carton de livres je remarque cet ouvrage étroit et haut comme un rectangle qui sort du lot avec sa couverture jaune où une femme nue découpée dans une photo noire et blanche trône au milieu d’une tribu. Au dessus d’elle le titre, Cruelle Zélande. Je vois ce livre, je le prends, puis je le repose n’en sachant rien, puis je le reprends piqué par la curiosité de ce que j’ai vu sur la quatrième de couverture et qui précise ; vente interdite aux moins de 18 ans. J’hésite, je feuillette encore, je picore, et si je fais confiance aux critiques publiées à l’intérieur de la couverture (Le Monde, Elle, L’humanité, Le Canard Enchaîné, etc.) u’il s’agit d’un roman érotique, drôle et bien écrit. M’en fallait-il plus pour l’acheter ? Non, même le prix m’y invitait, 50 centimes. Voilà qu’entre dans ma bibliothèque chinée un roman érotique, Cruelle Zélande, dans lequel une femme d’officier anglais se fait brutalement enlever par une tribu de sauvages érotomane de Nouvelle Zélande écrit par un auteur anonyme dont l’anonymat ne résiste pas à Wikipédia. C’est donc Jacques Serguine qui a écrit ce roman en 1978. C’est donc l’édition originale ! et ça c’est cool je trouve. Jacques Serguine a écrit d’autres livres, il est assimilé au Hussart ce me laisse deviner une forme d’anticonformisme dans ses lignes. Je suis plutôt impatient de me donner le temps de lire ce livre et je reviendrais peut-être vous en faire la chronique.

En tout cas avec ces deux livres la bibliothèque chinée s’enrichie de deux ouvrages à l’esthétique esthétiques et aux contenus intéressants. Lorsque je rentre d’un vide-grenier avec ce genre de livre je suis heureux et satisfait de cette expérience et je n’ai qu’une envie, c’est recommencer.

Et hop le total de l'argent bien dépensé grimpe jusqu'à 61,5 euos. Et le plaisir est toujours le même, enfin plus que ça, le plaisir grandi de vide-grenier en vide-grenier
Et hop le total de l'argent bien dépensé grimpe jusqu'à 61,5 euos. Et le plaisir est toujours le même, enfin plus que ça, le plaisir grandi de vide-grenier en vide-grenier

Et hop le total de l'argent bien dépensé grimpe jusqu'à 61,5 euos. Et le plaisir est toujours le même, enfin plus que ça, le plaisir grandi de vide-grenier en vide-grenier

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