Tu te souviens quand internet faisait bander les hommes ?
Aujourd’hui dans hier je me souviens - encore - du temps où ce blog m'offrait des e-mails impromptus et parfois délurés ; le temps où ce blog était le point de départ d’improbables interactions. C’était un temps d’hier, un temps dans l’hier où je n’ai pas encore devenu l’autre que je suis et ici encore était un antre, un espace de repli où je déployais dans la pudeur les tissus tissés des fils de ma vie. Vieux conque je suis devenu je me souviens du temps où Instagram, balbutiant ses images savait encore m’offrir des seins, des culs, de l'érotisme en privé. C’était une terre promise où la conquête était de chair et la sueur coller à l’âme quelques flous non gaussiens cadrés dans les photos. Sous les filtres superficiels des gourgandines qui s’ignoraient affrontaient leur pudeur pour donner aux échanges une saveur licencieuse. Je me souviens ici, avec un peu de nostalgie du temps où internet faisait bander encore bander les hommes et pas seulement les financiers ... Aujourd'hui tout n'est que pose, posture et frissons superficiels. Il y a des souris sur la surface des choses, mais le pixel est saint, safe, sauf, sauvé d’une lubrique destinée par la force de l’argent qui nivèle par l’autocensure les vertus érotiques qui pouvaient être possible. L’argent est comme l’amour, ce sont des valeurs qui se supposent supérieures et qui s’appuient sur cette croyance pour justifier d’imposer en dessous que les divergences s’unissent pour un intérêt supérieur mais toujours lisse, consensuel et sans charme, sans cul, sans foutre. Je me souviens encore bien du temps où écrire ces quelques lignes-là était pour ma prose un strip-tease intégral.