2086 jours avant de retrouver cela
Souvent j’ai voulu créer ; j’écris et souvent j’ai voulu créer. Pourtant, jusqu’à présent écrire ne m’apportait pas exactement le sentiment de créer. Parce que plus que créer, j’ai souvent voulu éprouver la sensation de créer ; cette sensation que je jalouse aux jazzmans ou aux artistes picturaux dont j’ai le tort de croire que leurs improvisations sont des jaillissement d’une libre expression et donc le jaillissement d’un acte de création. Moi, tout seul avec mes mots, et l’inertie propre à mon écriture qui, si elle crée, ne dévoile sa créativité qu’au fil d’une progression chronologique je ne trouve pas le souffle épique de l’acte créateur insufflé par le vent d’une liberté insoumise ; peut-être parce qu’écrire est une mise en forme, un choix, une construction et que le vent on ne le formate pas plus qu’on ne le construit. Il faut la langueur d’un récit, un roman, d’une nouvelle, d’une poésie pour supposer la nature exacte de ce qu’écrit l’homme. Bref, ceci pour dire qu’écrire m’est parfois laborieux, lent, long et formaté, et m’offre que rarement la sensation de création. Et récemment, au hasard d’une nostalgie j’ai retrouvé une chose perdue, une chose chérit durant les longueurs de mon adolescence et que le fil d’une vie m’avait fait perdre ; créer des univers ludiques, en tout cas un, construire un univers de jeu dans l’espoir, la perspective d’y faire jouer des joueurs, un jeu de rôle, des jeux de rôle, un univers de fiction, un décor de campagne ; c’est-à-dire écrire et créer une cohérence de détails qui soit bien plus large que ce que pourrait exprimer un roman, un cycle, une nouvelle qui prendrait pour appuie cet univers. Ce n’est rien, juste une accumulation d’idées qui s’agencent et se répondent jusqu’à dessiner un ensemble cohérent où les inspirations répondent aux hommages et là, dans un jeu débridé en esprit d’escalier j’éprouve la sensation de créer que je recherchais depuis le début. Voilà, c’est tout. Créer le monde, créer un monde, on ne pas créer ; l’écriture ne devrait venir qu’ensuite.