1753 ème jour : Faire caca

Publié le par Ceci est un blog

Être dérangé par le téléphone qui sonne pendant que l’on fait l’amour c’est embêtant, cela peut l’être, au moins autant que cela peut être excitant. En revanche, s’il y a une situation où l’homme n’aime pas être dérangé, c’est quand il chie. Il n’y a rien de pire que d’entendre le téléphone sonner au moment même où l’on est en train de déféquer. D’une part, l’interface du téléphone en mode sonnerie peut supplanter l’interface de Candy Crush et déjà il y a de quoi être énervé. D’autre part, l’homme entretient un rapport étroit avec son anus, quoi que chez certain ça ne soit pas le cas. Mais bon, on sous-estime souvent l’importance de chier, de se vider, cela ramène l’homme à sa condition de tube et d’usine à déchet. On peut bien être doué, talentueux, ambitieux ou dieu sait quoi, on reste avant tout des tubes avec une entrée et une sortie rien de plus. Et donc chier à l’abri derrière la porte close de ses toilettes, est un geste métaphysique. Être interrompu, ou surpris, dans cette posture métaphysique qui ramène l’homme à ce qu’il a de plus modeste et qui lui fait ressentir son plus petit dénominateur commun avec le reste de l’humanité cellulaire grotesque est très dérangeant. Je suppose que l’on s’imagine que la porte fermée et le tabou consensuel, nous finissons par nous convaincre que personne ne sait que nous ne sommes que cela, qu’un puis sans fond, un trou à merde, une usine qui ne ferme que par la mort. Il faut avouer que cela serait dommage que l’on le sache.

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