1739 ème jour : Entre les parenthèses
Les inquiétudes sourdes sont comme les mots que l’on écrit entre parenthèses ; c'est une thèse à part, mais c'est un peu cela ; il y a des mots entre parenthèses, ils sont là, bien là sous nos yeux et dans nos têtes mais on ne peut pas les dire parce qu’ils sont prisonniers, réduits à un silence tacite par les parenthèses. Tout le monde peut les voir, les lire, mais personne n’est autorisé à la dire. Ces mots ne sont pas des non-dits puisqu’ils sont écrits, ils sont dits ces mots-là, mais ils sont tus; ils ont une sourde présence et pour la présence sourde des inquiétudes, c'est la même chose, c'est une chose que tout le monde sait, mais que tout le monde tait et cela rend la chose inquiétante et de l'inquiétude à l'angoisse, il n'y a qu'un silence de plus. Ce n'est pas une science, mais un empirisme éprouvé par tous - une chose que tout le monde sait et une chose que personne dit - on en oubli la force et la liberté qu'offre et apporte la parole, celle que l'on dit pour chasser l'angoisse ou l'inquiétude et pour se défaire des surdités et rendre les sourds entendant et c’est pour ça que je n’utilise jamais ou presque la parenthèse et que je préfère mettre mes apartés entre des tirets ; ou entre des points et des virgules ; c’est un monde ouvert et une prose libre et libérée à l’abri des non-dits mais pas des mensonges puisque c’est ici un mensonge ou une chose similaire sans être identique